Fidèles à la spiritualité de l’Ordre fondé par saint François d’Assise (1182-1226), notre présence en France et en Belgique connaît un renouveau, porté par l’attrait toujours actuel de la vie et du message de saint François. Les frères s’efforcent de vivre chaque jour l’Évangile de manière fraternelle, en partageant ce lieu avec ceux qui souhaitent se poser, se ressourcer dans la prière, ou participer à divers chantiers et à notre mission.
Notre vie quotidienne, soutenue par la prière régulière, la messe quotidienne et l’adoration perpétuelle, nous conduit à aller à la rencontre des autres. Notre apostolat, centré sur la mission, se tourne principalement vers la jeunesse à travers l’accueil au couvent ou lors d’interventions dans les écoles, camps et autres lieux.
Ce style de vie missionnaire, simple et essentiel, fondé sur Jésus-Christ, nous appelle à rester attentifs et à l’écoute des besoins de chaque rencontre, afin de devenir frères de tous.
Autrefois théâtre des batailles sanglantes de 1793-94, le plateau au nord de Cholet, dominant la ville, accueillit en 1880 un monastère à l’initiative de Mgr Freppel, évêque d’Angers. Ainsi fut posée la première pierre du carmel de l’Emmanuel.
Construit selon les plans traditionnels des monastères, le Carmel connut rapidement des bouleversements.
Suite aux lois anticléricales de 1905, les sœurs furent contraintes à l’exil en Belgique et en Asie. Durant la Première Guerre mondiale, le bâtiment servit de prison pour les officiers allemands, marquant une période trouble.
En 1920, le calme revint avec le retour de quelques sœurs. La vie reprit son cours dans un silence propice à la prière et au travail manuel : confection de vêtements liturgiques, artisanat du cuir et des champs. Ce quotidien fut marqué par une rencontre en 1925, lors du voyage de deux sœurs revenant d’Hanoï. À bord de leur bateau, elles croisèrent Mgr Vladimir Ghika, béatifié en 2013, et Paul Claudel, écrivain et diplomate. De cette rencontre naquit une relation spirituelle et artistique qui conduisit des personnalités à visiter le carmel, dont Maurice Denis, peintre majeur du mouvement nabi post-impressionniste, qui orna la chapelle d’une fresque représentant l’Annonciation.
L’esprit missionnaire prit une nouvelle dimension avec la proclamation de sainte Thérèse de l’Enfant-
Jésus comme patronne des missions. Le Carmel de Cholet se lança alors dans une œuvre missionnaire prolifique, donnant à l’Église des sœurs carmélites missionnaires et participant à la fondation de
communautés en Indochine, aux Philippines, en Inde, au Japon, à Ceylan, à Dakar et en Guadeloupe.
Bien que la vie des sœurs fût cloîtrée, leur présence au cœur de la ville imprégna profondément le quartier. Les habitants conservent encore aujourd’hui des souvenirs vivants de ces religieuses. Toutefois, avec le déclin des vocations dans les années suivantes, les sœurs durent quitter le Carmel en 2002. Elles le cédèrent aux franciscains conventuels, marquant ainsi une nouvelle étape dans l’histoire du lieu.
Les frères franciscains, aussi appelés « cordeliers », avaient déjà une longue histoire à Cholet, remontant à 1406. Leur présence s’est maintenue jusqu’à l’aube de la révolution. Leur couvent, situé avenue des Cordeliers, fut détruit en 1912. Les frères franciscains reçoivent ce lieu et son histoire en don de la part des Carmélites. La prière des carmélites imprègnent encore les murs, la pauvreté de leur vie les encourage à poursuivre selon le charisme de saint François
Qui dit franciscains dit « saint François d’Assise »
François est né à Assise en 1182. Il était doté d’une âme généreuse et de qualités naturelles exquises qui le rendaient aimable aux yeux de tous. Jeune homme, il aimait les réjouissances et rêvait de la gloire des exploits guerriers.
À la suite d’événements comme la maladie, la rencontre avec le lépreux, d’une vision mystérieuse, François changea complètement de vie. Dans l’église de Saint-Damien, il entendit le Crucifix lui parler : « François, va restaurer ma maison qui, comme tu le vois, menace ruine ». Le Seigneur se servit en effet de François pour restaurer l’Église en ces temps très tristes d’hérésies, de discordes et de coutumes corrompues. En 1209, François fonda l’Ordre des Frères Mineurs, afin que « ses disciples sachent, par son nom même, qu’ils sont venus à l’école du Christ humble pour apprendre l’humilité » (Saint Bonaventure).
Bientôt, l’Ordre se développa et trouva dans le peuple de la sympathie et de l’admiration pour l’humilité, la simplicité et la grande pauvreté des frères. Le bien que les frères commencèrent immédiatement à exercer sur le peuple chrétien fut énorme. Dans ses dernières années, François confia la direction de l’Ordre au frère Elie, pour se consacrer davantage à sa vie mystique, faite surtout de mortification, de renoncement et de sacrifice dans l’imitation et l’amour du Christ crucifié.
Deux ans avant sa mort il a reçu du Christ le dernier sceau, les stigmates. Il est mort le 3 octobre 1226. François est vraiment l’un de ces géants de l’histoire, destiné par Dieu à laisser une grande empreinte de bien dans la société. Après sept siècles, il est toujours vivant dans l’âme des gens et son message d’amour et de fraternité universelle est plus que jamais d’actualité. Saint François est passé sur terre comme le saint le plus proche du Christ, et son message spirituel exerce encore aujourd’hui une fascination et un attrait particulier sur les âmes.
Le charisme franciscain et les franciscains conventuels
L’Ordre des Frères Mineurs Conventuels a pour but de vivre l’Évangile de Jésus-Christ dans une véritable fraternité conventuelle, où la vie contemplative est intimement unie à l’activité apostolique, qui s’exprime à travers le ministère des frères prêtres et la collaboration d’autres personnes.
Après huit siècles, le message d’amour et de fraternité universelle de saint François est plus que jamais d’actualité. Il est passé sur terre comme le saint le plus proche du Christ, et son message spirituel exerce encore aujourd’hui une fascination et un attrait particulier sur les âmes.
L’Ordre des Frères Mineurs Conventuels a pour but de vivre l’Évangile de Jésus-Christ dans une véritable fraternité conventuelle, où la vie contemplative est intimement unie à l’activité apostolique, qui s’exprime à travers le ministère des frères prêtres et la collaboration d’autres personnes.
Tous les frères sont appelés à vivre l’esprit franciscain :
« Aimer d’un amour sans partage Dieu, le Bien suprême, dont le dessein d’amour est la récapitulation de toutes choses dans le Christ ; se conformer au Christ Seigneur lui-même, de qui émane, comme source et tête, toute grâce, en accomplissant ses mystères dans sa propre vie, en union avec l’Immaculée Mère de Dieu Marie et avec toute l’Église d’aimer le prochain de la même manière, en annonçant et en promouvant la paix et le règne du Christ et l’amour fraternel réciproque ; de servir Dieu en vivant dans le monde dans la pauvreté, l’humilité, la simplicité et la joie de cœur » (Constitutions précédentes 3, 2).
Le qualificatif de « conventuels » (ou « frères de la communauté ») a été ajouté presque dès le début, non pas tant pour souligner un lieu physique (le couvent), mais la référence fondatrice donnée à la fraternité, à la vie commune, au « cum-venire » (du latin), c’est-à-dire au « con-venire » ensemble… au « con-dividere ».
Aujourd’hui, le charisme franciscain conventuel s’exprime dans diverses formes d’apostolat, et notamment dans la « missio ad gentes ».
Disciples du Seigneur
Les valeurs qui nous définissent et que nous cherchons à vivre sont résumées dans les trois vœux ou « conseils évangéliques » d’obéissance, de pauvreté (de rien n’avoir en propre), et de chasteté que nous professons. Ces vœux ont pour but de signifier la primauté de Dieu dans nos vies et parler de notre désir et de notre engagement de « disciple radical » en tant que véritable disciple du Seigneur. Car il est notre trésor, il est l’amour qui suffit, il est la parole qui rassasie.
Quelques-uns de nos traits typiquement franciscains :
La vie en fraternité : le Père qui est aux cieux est unique. Le frère n’est donc jamais « isolé », mais vit et travaille toujours en communauté, avec des frères. Et pour le frère, tout homme est un frère.
La prière : parce que seulement le Seigneur et la relation avec Lui constituent le sens d’une vie « donnée à la folie » comme la nôtre.
Pauvreté évangélique : comme expropriation de soi et de la possession de biens matériels, afin que Dieu soit la seule vraie richesse. Parce que nous faisons confiance à la Providence ; être pauvre parmi les pauvres.
Minorité : pour un style de relations et de présence dans l’Église, dans le monde et envers toute créature, «d’égal à égal», comme des «petits», dans l’humilité et la joie, avec douceur et bonté.
Travail : en fonction de leurs capacités, inclinations ou besoins respectifs et des domaines (pastoral, missionnaire, culturel, caritatif… et aussi manuel).
L’amour filial et l’obéissance à l’Église catholique et au pape, successeur de l’apôtre Pierre, comme l’a fait et recommandé saint François lui-même.
L’itinérance : parce que nous nous considérons «étrangers et pèlerins», en termes de lieux, d’affectations, de tâches, de capacités, d’affections ; donc toujours un peu «précaires», toujours prêts à changer, à se détacher, à recommencer, à relativiser. Seul Dieu suffit et rien d’autre ne nous appartient !
La prédication : la pénitence, c’est-à-dire la conversion, l’orientation de la vie vers Dieu ; plus par l’exemple et le témoignage de la vie que par les paroles ; la promotion de la justice et de la paix ; la proclamation de la beauté d’un Dieu Créateur et Père ; le souci des derniers et des plus petits.
La nouvelle évangélisation : envoyés aujourd’hui vers des réalités nouvelles avec des défis nouveaux pour porter la Bonne Nouvelle sur le numérique, l’économie, l’écologie… et avant tout témoigner du Christ vivant.
Où sommes-nous et quelles actions ?
Nous, Franciscains Conventuels, sommes engagés auprès de l’Église dans les tâches les plus variées de l’apostolat et du service, expression de notre vocation et de notre mission.
Présents dans plus de 70 pays sur les 5 continents, environ 4000 frères, nous servons des centaines d’églises et de communautés paroissiales.
Certaines des basiliques les plus anciennes et les plus historiques de l’Ordre franciscain (13e siècle) nous ont été confiées, mais nous gérons également des hôpitaux, des écoles, des soupes populaires, des orphelinats, des léproseries, etc.
Nous travaillons dans les prisons et les bidonvilles, ainsi que dans les universités et les lieux de culture, nous sommes présents dans le tiers-monde comme dans les pays les plus développés.
et si le charisme franciscain était le tien ?Le charisme franciscain interpelle aujourd’hui des personnes de tous âges, désireuses de vivre l’intuition de saint François, de sainte Claire et des autres saints de la famille franciscaine. L’élan profond de saint François, qui cherchait à vivre l’Évangile avec simplicité, « sans glose » et dans un esprit de fraternité, a inspiré des générations au fil des siècles.
Aujourd’hui, il existe diverses formes de vie franciscaine. Le Premier Ordre, auquel appartiennent les frères, vit dans la tradition de saint François. Les sœurs clarisses, du Second Ordre, suivent la voie de sainte Claire dans une vie cloîtrée et monastique. Quant aux laïcs, consacrés ou religieux, ainsi que les religieuses apostoliques du Tiers Ordre, ils vivent leur engagement ou leur consécration au cœur du monde tout en étant rattachés à la règle franciscaine.
La Custodie de France-Belgique accorde une attention particulière à l’accompagnement des jeunes pour discerner sa vocation, notamment à travers l’Année Saint François. Cette initiative propose un parcours de 9 mois au couvent, où les jeunes partagent la vie des frères, bénéficient de moments de formation, de missions et de la prière régulière. Ce temps, véritable école de vie, a pour but de former des hommes enracinés dans la foi, prêts à se mettre au service de Dieu, de l’Église et du monde, selon leur vocation.
Ce discernement a conduit de nombreux hommes vers la vocation du mariage, tandis que d’autres ont poursuivi leur cheminement vers le sacerdoce ou la vie religieuse, par exemple en entrant au postulat des frères franciscains conventuels. Une année au service de la croissance humaine et spirituelle pour s’engager dans la vie d’adulte en chrétien.